IMMERSION
Dans ma vie de formatrice, j’ai souvent accompagné les apprenants lors de leur stage pour être en immersion et s’approprier le métier, valider leur projet, revoir leur idée de métier…
Par le passé, j’ai, moi aussi, fait des stages pour m’aider à m’orienter.
J’ai donc une expérience sur le sujet. Et je sais de quoi je parle.
Et puis
HASARD : une amie qui a un restaurant de 120 couverts a eu besoin d’urgence d’une aide comme serveuse. Evidemment, j’ai répondu présente.
Quelle superbe expérience !
– S’insérer dans une équipe (cuisine et service)
– Comprendre le fonctionnement du restaurant
– S’approprier les numéros de table
– Apprendre le menu, connaître les produits, leur provenance, leur contenu
– Connaître l’emplacement des objets (couverts, verre, serviette….)
– Ne pas empiéter sur les tables des autres copains et copines
– Observer, vérifier, écouter
– Prioriser l’esprit d’équipe
– Me faire discrète pour ne pas gêner les professionnels
Le premier jour : 120 couverts à midi, 70 couverts à 15h30. J’ai une tutrice qui est depuis 17 ans dans le restaurant et qui me « forme » rapidement.
Me voilà en posture souriante et polie, prête pour le service auprès des clients.
Ma première mission : prendre la commande des apéritifs d’une grande table (hop, petit bloc note et c’est partit !)
Et déjà : identification des clients sympas et des clients moins sympas.
Je suis surprise par l’attitude des clients qui traitent la serveuse de manière polie et respectueuse et puis ceux…qui jettent un « hep, une bière ! »
Je reste zen, calme et…souriante : yesss !
J’enchaine selon les directives de ma « patronne » et ne commet pas d’impair.
Ni couverts tombés, ni verres cassés. Youpi !
Le temps passe à une vitesse impressionnante et le nombre de kilomètres aussi.
Au bout de 6 heures de service, la fatigue musculaire, les voûtes plantaires commencent à se faire sentir.
Quel métier !
Et puis, le bonus de l’expérience vient d’un couple de personnes âgées.
« Excusez-moi, je peux vous poser une question Madame ?
« Oui, bien sur »
» Vous avez fait le Lycée Hôtelier, n’est-ce pas ? »
Alors là : quelle superbe récompense et joli compliment.
» Pourquoi vous me poser cette question ? »
» Ca se voit tout de suite » a dit le couple !
Hi HI Hi Hi Hi ! Trop bien
J’adore ce « Vis ma vie ! »
Je finis ma journée de serveuse pour enchainer avec ma vie de formatrice : dur de rester debout 1h30
Le deuxième jour : retour dans mon restaurant comme serveuse.
Ca y est : je gagne de plus en plus confiance en moi. J’arrive maintenant à tenir les plateaux pleins de verres, les plateaux avec 3 assiettes chaudes. Je commence à m’approprier le métier.
Ma patronne me confie un banquet de 20 personnes et un banquet de 11 personnes. Ca pulse, ça pulse, ça pulse !
Grrrr ! un enfant sans surveillance parentale manque de me faire perdre l’équilibre mais…nan ! ouf, je passe l’épreuve.
J’ai eu chaaaaauuuuud !
La journée passe à une vitesse….je ne vois pas le temps passer. La journée encore moins.
L’équipe qui m’accompagne et juste super : m’aide et m’encourage malgré quelques maladresses (ben oui, je me suis essuyée les mains sur la magnifique tenue vestimentaire qui avait pour objectif d’être belle et professionnelle ! :-)))
OUPS : le restaurant est plein et….une coupure de courant nous terrasse.
Je suis admirative devant l’indifférence des clients qui savourent leurs plats, la cuisine qui continue d’assurer, le sang froid de tout le personnel qui est expérimenté et assure ce désagrément inattendu.
Un sympathique client (électricien) intervient gentiment et l’affaire est réglée : waouh !
Nous servons depuis 12h, il est 17h et les clients partent doucement.
Le travail n’est pas terminé : vaisselle, rangement, nettoyage, remise en état, préparation de la salle pour le service suivant. Le tout dans l’humour et l’esprit d’équipe.
Quelle superbe expérience !
J’ai appris la difficulté du métier, le comportement des individus, l’aspect physique du métier, l’importance de la communication, la nécessité de l’esprit d’équipe.
Et je voulais, ici, tout simplement rendre hommage à tous ceux qui ont choisi de faire le métier de serveuse et qu’on ne « voit » pas toujours, préoccupé par ses pensées.
Vis ma vie de serveuse : vous l’aurez compris, j’ai a-do-ré !
Stéphanie BRUDER
